vendredi 31 juillet 2009

Exemple de l'insouciance romaine

Il y a peu, je demande à Marco, mon boucher talentueux, quand il ferme le magasin; la réponse vaut son pesant de bavette:
"Vendredi 7; non, jeudi; non, peut-être mercredi...". Devant mon air interloqué, il précise:
 "Enfin, je veux dire que je partirai en vacances quand j'aurai vendu toute la marchandise..."

L'abbaye généralice des Bénédictins n'est pas exempte de cet à peu près: les horaires changent sans cesse, quasiment sans préavis, mais... avec les meilleurs motifs du monde. 
Le plus bel exemple est la fête patronale de St Benoît: comme elle tombe en juillet, quand la plupart des moines étudiant à Rome ont fini leur année d'études, elle n'est pas célébrée. 
NON.
Les Bénédictins de St Anselme fêtent St Benoît à un autre moment de l'année, à l'anniversaire de sa naissance naturelle (pas sa mort, qu'on appelle chez les spécialistes convaincus "la naissance au Ciel"). 
Si vous ne le savez pas, vous vous plantez.

lundi 27 juillet 2009

Je ne connais qu'un mot comme ça/ une seule consonne pour

une seule consonne pour 5 voyelles: les pelouses se disent "aiuole". 
A l'inverse, en polonais, il y a beaucoup de mot chargés de consonnes, et pauvres en voyelles: aube se dit "brzask" (prononcer bjaske).
 Finalement, "cigale" est un mot sonore et bien posé!

dimanche 19 juillet 2009

Comment à Rome, Ville Eternelle, définir le temps?

Définir le temps est un problème philosophique inépuisable, mon professeur de mathématiques en classe de spéciales, disait: "c'est la succession des états de la pensée."
A Rome, auprès de ma chère cigale, j'ai trouvé une définition pratique vérifiable à tout feu de circulation: quand le feu passe du rouge au vert, s'écoule un bref instant de silence (même la cigale attend, quasi pétrifiée) ; et puis un avertisseur retentit, qui invite le premier chauffeur à sortir de sa minable torpeur.
C'est cela: l'instant est la fraction de temps qui s'écoule entre le signal vert et le klaxon rageur.
Gageons que les soirs de match "Rome-Milan" l'instant est archi bref, et que le dimanche matin, il s'étire paresseusement parmi les carillons qui appellent à la prière.

jeudi 16 juillet 2009

Dans une grosse librairie de Rome

j'achète des livres pour mon frère Robert, sur les motos Ducati. Le magasin est distingué, on sent une recherche éditoriale d'avant garde, mais apparemment de bon goût. La climatisation marche bien, détail important par cette chaleur soudanaise.
A la caisse, je paye avec ma carte de crédit italienne, quand j'avise, parmi le fatras du comptoir .... une pile d'encycliques "Caritas in Veritate" en langue italienne; quoi de plus naturel? Le libraire les vend également à ses clients, pour qui semble-t-il le monde est moins schizophrène. 
Je délire, en imaginant ma chère amie libraire de la rue XYZ dans le VIIème arrondissement de Paris, mettre en vente des encycliques de Benoît XVI, entre Sartre et 'les bienveillantes'.

samedi 11 juillet 2009

La pression sécuritaire de mon quartier (ghetto de Rome depuis 1555, bulle "cum nimis absurdum")

a l'avantage que ma bicyclette est intacte; on n'a même pas volé la selle, si utile à mon siège.

D'autres collègues sont moins chanceux: Louis, dont je parlais chez son coiffeur, a déjà perdu 3 vélos en 3 ans (perdu est un euphémisme: ils lui ont été volés, le dernier était attaché devant le poste des carabiniers). Quant au papa du petit garçon si beau "qu'il ressemble à Mussolini", il en est à son 7ème vélo volé en 4 ans.
Fermez bien vos volets le soir avant d'aller dormir: des acrobates pourraient par la façade, par la gouttière, entrer par la fenêtre dans le calme de la nuit.
 

vendredi 3 juillet 2009

Oui, le climat change

Depuis une semaine, éclate chaque soir un violent orage, zébré d'éclairs et martelé de grands coups; et puis, après 2 heures, tout s'efface, le soleil revient, et l'été reprend sa pleine puissance.
Serions -nous passé en zone tropicale? Aurions-nous droit à un typhon chaque soir ?
Il semble que toute cette pluie coule sur les ailes des cigales "comme l'eau sur les plumes du canard", car elles reprennent leur chants éternels dès le lendemain. 
Oui, le climat change, et pas seulement en hiver.

mercredi 1 juillet 2009

30 juin 20 heures: ivre de soleil (et de gaz d'échappement)

une jeune cigale romaine chante à tue tête dans un olivier au pied du Palatin. Les empereurs sont partis depuis longtemps, les troupes de Napoléon aussi d'ailleurs, mais la cigale s'en fiche comme de sa première chrysalide. Les voitures empestent et font du bruit alentour: elle les méprise plus encore qu'elle ne méprise les fourmis.
L'olivier chante imperturbable, le son est immobile, le temps est arrêté... et le mot de Frédéric Mistral me revient à l'esprit: "Les oliviers, ces arbres au murmure immensément vieux..."
L'été peut maintenant = vraiment = commencer.