En italien, fatica signifie ... travail, et cela se comprend. Nous disons bien nous-mêmes, de quelqu'un qui a peu (ou mal) travaillé: "il ne s'est pas fatigué".
Et là, ça devient amusant: car en français, travail vient de 'tripallium', qui était une instrument de torture (à 3 pieux); autrefois, on disait d'une femme qui accouche:"elle est en travail".
En latin, le negotium , qui a donné négoce, est une forme de travail: c'est le non-otium, la non-oisiveté. Car ce qui était distingué, c'était surtout de faire travailler les sous hommes, les esclaves, pendant qu'on ne fichait rien.
J'ai demandé à Margot d'où diable peut venir le mot 'Arbeit'; elle me signale qu'initialement, c'est la peine que devaient se donner les orphelins pour gagner leur vie, en devenant comme des esclaves. Le mot existe en polonais, sous la forme robota, et n'est pas connoté positivement dans cette langue non plus.
Bref, fatica est non seulement un faux ami de plus, mais il renvoie encore à de pénibles équivalents dans les langues voisines.
On mesure d'autant mieux la révolution que le christianisme a apportée, en valorisant le 'tripallium'; St Paul disait déjà: 'celui qui ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus'. Et depuis plus de 1.000 ans, la devise bénédictine est : 'ora et labora = prie et travaille.' Je pense que les bénédictins travaillent plus de 35 heures/semaine... gratos.