mercredi 3 décembre 2008

Le quartier s'appelle le ghetto

et pour cause: les Juifs y ont toujours vécu, et c'est là que les Papes les ont obligés à se grouper en communauté; ils sont toujours là, même si les murs du ghetto ont été abattus, et même si les maisons ont été reconstruites beaucoup plus belles lors de l'aménagement des berges du Tibre (vers 1880).
Ce sont de vrais Romains, ils sont arrivés ici bien avant la naissance du Christ, et ont tout naturellement fourni  - par suite d'hérésies - les premiers contingents de Chrétiens à l'Eglise de Rome. Le sujet était tellement controversé que pendant des siècles, les mosaïstes ont pris grand soin de figurer à l'abside une représentation de l'Eglise issue des Juifs ("Ecclesia ex circumcisione"), avec une représentation de l'Eglise issue des païens ("Ecclesia Gentium"); cela peut aujourd'hui paraître dépassé, mais il suffit de regarder autour de soi, Terre Sainte comprise, pour comprendre que ces cohabitations - conversions ont été mal vécues. Sont-elles mieux acceptées aujourd'hui ? Peut-être.

Quelle est mon impression après 8 mois?
1) Il est agréable de partager , même de loin, les fêtes hébraïques; dernièrement, les restaurants de la via del portico d'Ottavia ont construit des baraques en bois, sur le trottoir, pour commémorer Sukkot, la fête des tentes. C'est original. Le samedi / sabbat est très calme...
2) A la différence de la France, ces gens ne sont pas arrivés d'Afrique du Nord ou d'Europe Centrale: ils sont totalement Romains. Et comme le popolo minuto du Trastevere, ils descendent leur fauteuil en alu les soirs d'été , pour causer avec les voisins dans la rue. Un vrai plaisir de quartier.
3) Beaucoup de touristes défilent à la synagogue, puis aux restaurants cacher. Par moment, on est à New-York (il est vrai qu'en 1943 Mussolini en a fait rafler 1440, petits enfants compris)
4) Mais ce qui à l'usage me frappe le plus, c'est une imperceptible peur, qui règne partout et en tout temps, qui fait qu'on est sourdement surveillé / protégé en permanence, par la police officielle, la municipale, et les costauds de la milice privée, qui tournent dans les rues avec un désoeuvrement pesant = mais brailleur. Je ne suis pas assez malin pour le vérifier, mais je suis sûr que mes mouvements sont fichés, ainsi que mes rythmes de vie. L'avantage est que la bicyclette ne craint rien.
5) Enfin, l'Etat d'Israël est évoqué partout, jusque sur les grilles de la synagogue, qui portent l'image de 2 victimes israëliennes, 2 jeunes soldats. Malheureuse Terre Sainte, où coule tant de sang, de tant de côtés à la fois...  
Jusques à quand Seigneur ? 

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