mercredi 29 octobre 2008

un exemple de la gentillesse

Olivier et Marie Dominique ont réservé depuis Paris, sur internet, des billets d'entrée pour la merveilleuse Villa Borghese. Mais voila: une fois devant le guichet, rien ne va: leurs billets ne sont pas des billets, et il n'y a plus de place pour faire partie d'un groupe de visite.
Mes amis, assez connaisseurs du pays et des indigènes, ne perdent pas patience, et essaient d'expliquer à la caissière leurs misères. Elle les laisse accéder à l'ordinateur du musée, ils établissent la preuve de leur réservation, et leur bonne foi.
Il apparaît que le site où la réservation fut faite n 'est pas le site officiel de la Villa.
De palabre en explication, la caissière les prie de patienter, et s'en va "dans les coulisses".
Puis , au bout d'un temps bien sûr fort long pour les touristes français, elle réapparaît avec... 6 billets gratuits (il y a 4 enfants)... utilisables immédiatement.
N'est-ce  pas délicieux?

dimanche 26 octobre 2008

Heure d'hiver ? heure d'été?

Nous vivons un moment délicieux: hier il était onze heures et quart, mais aujourd'hui on a une heure de plus, il n'est que 10h 1/4... on peut dormir plus longtemps (en fait, ce n'est pas vrai, mon "coucou biologique" a sonné au même moment qu'hier, soit 6 h (heure d'été), on peut flotter un peu dans le temps... 
Eh bien d'un certain point de vue, l 'Italie est durant l'année entière dans la même situation: elle fonctionne selon 4 horloges psychologiques différentes.
1) 1ère horloge: le souvenir lancinant de la Grandeur Antique, dont on affecte de rire du bout des dents, mais qui fournissait bien des arguments au Duce, et qui - à moi pauvre rustre transalpin-  paraît encore bien vivant. La Renaissance, par exemple, n'a-t-elle pas été  bien proche de remettre en vigueur certains canons antiques ? Il a fallu un certain Luther et un certain Calvin pour crier au désastre... et c'est alors que le terme "catholicité" est apparu/ pas avant.
2) 2ème système:  justemnt, la Catholicité; le collège des cardinaux n'est plus majoritairement italien, le Pape n'est plus de Venise ou de Milan... mais je sens confusément que l'Eglise (qu'ils ont puissamment contribué à bâtir) reste LA chose des Italiens.
3) 3ème référence: les Grandes Nations voisines, dont on a copié le drapeau, ou les institutions, ou le langage.
4) et quelle est l'heure légale? C'est celle de la République héritée de l'Unification par les rois de Savoie, si bien décrite dans "le Guépard".

Sans cesse le comportement oscille entre ces 4 pôles (la mondialisation nord-américanisante ajoutant un magnétisme supplémentaire), et peut engendrer des malentendus; des malaises; de l'humour dérisoire... 

vendredi 24 octobre 2008

Comment peut-on être Italien?

Il y a 300 ans, Montesquieu demandait "Comment peut-on être Persan?"; aujourd'hui, je pose la même question pour nos amis cisalpins... et du Mezzogiorno.
3 traits de caractère me paraissent dominer:
1) Le modèle social de référence est toujours bien vêtu, bien coiffé, et mince et bronzé. Que l'on soit de la haute bourgeoisie ou pas, il faut être vêtu de manière élégante (genre 'classique', style XVIIè arrondissement) et PARAÎTRE
2) Chaque Italien est GENTIL avec son interlocuteur, au point de tout faire pour que surtout il ne perde pas la face; il répondra donc à toutes les questions que lui pose cet interlocuteur, dût-il inventer les réponses.
3) Tout le monde se fiche de l 'Etat, de la République, de la Chose Commune. On n'en parle même plus. Et donc l'individu fait ce qui lui plaît, même si c'est incivique ou a-social. Si ça ne gêne pas vraiment les passagers (ou si l'on n'a pas conscience que cela gêne les autres passagers) on se mettra en plein milieu de la porte du bus. 
Seule compte la famille, ou le proche voisinage: comme disait un ami, les portes s'ouvrent si l'on explique "sono il cuggino di Paolo" (je suis le cousin de Paul). Sans ce système de cautionnement, vous n'en resterez qu'à la surface du vernis n°1: la gentillesse.  

Il reste bien sûr l'Eglise, qui fait l'objet d'une rubrique spéciale dans tous les journaux sérieux (comme il y a une rubrique Economie, ou Sport) mais je n'ai pas encore les idées claires sur sa place réelle en Italie; en évolution, c'est sûr, mais ... 

lundi 20 octobre 2008

fait divers bien méditerranéen

L'histoire peut se passer à Rome, aussi bien qu 'à Tunis , Alexandrie, ou Nice...

M & Mme Brun demandent à leur voisin et ami, M. Rugieri, de leur construire un petit barbecue (M. Rugieri est excellent maçon).
Le travail avance à merveille, quand un beau jour il leur explique que, par amitié, il leur bâtit aussi un four à pizza, sans supplément de prix. Et le four est superbe, en pierre de taille voutée...
Un jour, n'y tenant plus, M et Mme Brun demandent comment tout de même ce four a été procuré: triomphant, M Rugieri leur explique qu'il travaillait au même moment dans un grand restaurant de la ville, et qu'il a expliqué au patron que son four à pizza était fichu, qu 'il fallait en faire un neuf. Le patron l'ayant cru, il a démonté le tout et ... remonté chez ses amis Brun.
M Rugieri était très heureux de son habileté.

(Les noms ont été modifiés, le four à pizza existe je l'ai vu, je ne sais où...)

jeudi 16 octobre 2008

cronaca romana (11): wie Gott in Italien

Un proverbe allemand, en vogue au temps passé, disait: " comme Dieu en France", pour évoquer une situation magnifique, "wie Gott in Frankreich"; ce temps est révolu, et la France est bien sécularisée. Dieu est toujours prié en France (cf la visite de Benoît XVI), mais le pays  n'est plus globalement chrétien. Sa situation est-elle toujours magnifique ?
En Italie c'est différent: une collègue, italienne et athée, me parlait d'une des ces indécentes émissions de télévision, "reality show", où chacun s'efforce de se rendre plus intéressant que le voisin, et parle de son petit MOI sans pudeur, en descendant de préférence au dessous de la ceinture (quitte à prendre un air faussement gêné). Le déballage suivait son cours croustillant, quand à un moment de l'émission, un participant a appelé Dieu d'une manière bien anodine: "mio Dio !"; sans doute était-il surpris de quelque détail cru ou salé.
L'animateur lui a immédiatement demandé de quitter le plateau; en Italie, on n'invoque pas Dieu en vain. (Mais ça n'empêche pas les Catholiques d'aimer la vie et de commettre des péchés).
Les Allemands devraient donc dire : "wie Gott in Italien".  

dimanche 12 octobre 2008

Irène Némirowski décrit magistralement = et avec sensibilité=

les égoïsmes et les lâchetés qui ont déferlé en France lors de la débacle de juin 1940. (lire "Suite française")
Ce qu'on nous dit du monde financier actuellement relève du même ordre, et sans doute nous cache-t-on le pire... Et les hommes politiques, qui gèrent notre Bien Commun, peuvent-appeler à la raison: c'est trop tard, la peur est là, avec sa hideur et sa dureté. Chacun pour soi (et Dieu est mort).
Le mot le meilleur est à mon sens celui du Premier ministre luxembourgeois, J Claude Juncker: il a pour les financiers la même estime qu'ils ont pour lui : proche de zéro. Le seul ennui, dans tout ça, c'est que NOS impôts serviront à calmer la peur, d'une part; et d'autre part, que ceux qui pâtiront le plus ne sont pas les dirigeants de DEXIA ou Fortis, ce sont les pauvres, les malades seuls, les vieilles gens...  les jeunes sans diplôme...
Mais qu'on se rassure: le pdg de Dexia (selon le Corriere della Sera) vient de donner un somptueux diner au restaurant 'Louis XV' à Monte Carle. Tout va bien pour lui, merci.
  

mardi 7 octobre 2008

En beau matin d'été , les cyclistes de la FAO


se sont donné rendez-vous pour une photo de groupe; j'en ai profité pour commander le superbe T-shirt jaune safran...
(à droite sur cette photo)

dimanche 5 octobre 2008

faux amis (suite)

La vie est pleine de surprises... 
Vendredi j'explique à une collègue italienne, que je me rends ce week-end à un mariage: elle m'a demandé de lui rapporter des confetti ! J'ai cru tout d'abord qu'elle évoquait ces miettes de papier que nous jetons sur le jeune couple... pas du tout: en italien, ce sont les dragées ou les bonbons. 

Autre faux amis si connu qu'on n'y prête plus attention : si vous invitez un italienne à manger de votre gateau, elle pourrait comprendre il vostro gatto, c'est à dire ... votre chat.  Donc autant préciser tiramisù, ou "dolce"... elle sera moins dégoûtée. Je n'ai pour ma part jamais mangé de chat, mais je sais que pendant la guerre, ça s'est fait en Provence. Cela aurait le goût du lapin...

Faux amis plus délicat encore: pour désigner la dégradation de l'environnement, dîtes : "inquinamento", le salissement. Ne dîtes pas pollution, qui a gardé ici son sens primitif (il y a "pollen" dedans), que les Français ont oublié: émission involontaire de semence, par l'homme, la nuit. Les Italiens sourient plutôt, en entendant ce lapsus; et moi, je me demande pourquoi l'usage est allé chercher un mot qui se rapporte tout de même à la transmission de la Vie, pour désigner la dégradation de la Nature. Pour le coup, ce n'est pas une décision des curés !!  


jeudi 2 octobre 2008

A la FAO (suite)...

Récemment, j'avais organisé une réunion à haut niveau, pour commencer à préparer le programme de travail des années 2010 & suivantes; ce fut un succès, beaucoup d'experts sont venus, et = surtout= les échanges ont été nourris. Mais au début de la réunion, j'avais le trac, "comme un gamin" pensais-je...
Cela me rappelle une anecdote consolante à propose de Sarah Bernard, la géniale actrice.

Elle recevait dans sa loge une débutante un peu écervelée, et lui demande : "Avez-vous le trac, avant d'entrer en scène ?
- Non, pas du tout.
- Rassurez-vous, cela viendra avec le talent", lui assène Sarah Bernard

Mon trac était-il à la hauteur de mon talent ?