vendredi 28 novembre 2008

Giovanni Bellini a superbement peint la Vierge


comme en témoigne la reproduction ci-jointe; sa mère est inconnue, il est né hors mariage (son père Jacopo peignait déjà admirablement), et je pense que la tendresse qu'il avait pour cette maman qui s'est sans doute effacée pour lui, s'est transposée dans ses peintures.
En revanche, je ne m'explique pas qu'il peigne ses Christ de façon aussi charmeuse: les dernières oeuvres présentées aux Scuderie del Quirinale montrent presqu'un playboy portant une Croix (en plastique?). Jésus nous fait un demi clin d'oeil, un sourire mignon, il ne paraît pas engagé dans une lutte à mort contre l'esprit du Mal.
Certes, Giambellini est une des portes majeures ouvrant sur la modernité, par son sens de la couleur, de la perspective, et sa volonté (talentueuse) de personaliser ses sujets. Nous sommes en quelques décennies catapultés loin de l'abstraction respectueuse, mystérieuse, de la peinture byzantine ou médiévale (mais tout cela = n'en déplaise aux inconditionnels des Lumières= se déploie au sein d'un espace chrétien): mais cette manière de peindre le Christ me laisse penser qu'il en était moins proche qu'un autre peintre personaliste: Fra Angelico.
Enfin , tout cela prépare la route des géants du Vatican: Raphaël et Michel Ange... Mais je ne suis qu'un agronome, et cesse là mon bavardage.

jeudi 20 novembre 2008

Curieux proverbe, semble-t-il très familier

"Fidarsi e bene; non fidarsi e meglio"
= faire confiance, c'est bien; se méfier c'est mieux

lundi 17 novembre 2008

Devant le stand de la FAO, que je tenais


lors d'une conférence internationale sur la biodiversité. Ce n'était pas ma spécialité, mais puisque j'avais prévu de m'y rendre, j'ai accepté de parler pour toute "la maison".

jeudi 13 novembre 2008

Le choc des civilisations

La scène se passe sur le Forum Romain, je suis avec des amis.
Il y a Margot, blonde, Allemande, luthérienne et =donc= disciplinée. 
Il y a Thomas, né à Sète (Hérault) Français de parents Italiens: brun, au physique sec comme un toreador. 
Nous arrivons à l'un des lieux les plus sacrés, où l'on cultive toujours 3 des plantes fondamentales de la Méditerranée: vigne, blé, figuier. C'est la fin de l'été, et le pauvre arbre présente des fruits bien violets, bien mûrs. D'un geste tout à fait spontané, Thomas cueille une figue et la déguste. Que sont les figues ici ? moins que des guignes en Normandie...
Margot s'en offusque, et ne peut s'empêcher de faire une observation en français à Thomas: On ne cueille pas les figues du Forum Romain.
Réponse: "Mais Madame, elles sont meilleures!"

C'est comme ça tous les jours, ici...

lundi 10 novembre 2008

Si je vous écris avec condiscendenza

ne vous fâchez pas: ici, ça ne signifie qu'avec indulgence; il n'y a aucune pointe de mépris là dedans.
Si le métro vous annonce à l'arrêt une coincidenza avec le bus 160, n'allez pas croire qu'il est sur le point de passer: cela signifie simplement qu'une correspondance est possible (avec toutes les évetualités que ce terme comporte ici)... le bus 160 peut ne jamais passer, parexemple pour cause de déjeuner de midi, et de droit acquis par la mafia des autiste (chauffeurs).

Enfin, attention à l'accent tonique: à SS Benoît XVI on dit 'Paaapa", à son Père on dit ici "Papaaa".
Et selon que je prononce, je suis Jean ou je suis jeune (à une finale près). Il paraît que ça va durer...

vendredi 7 novembre 2008

Plus de timbres à la poste italienne

Du jamais vu : la poste italienne n'a pas de timbres à vendre.
Le 'gentile cliente' est gentiment invité à faire affranchir son courrier à la machine, qui pèse et colle une laide étiquette selon la destination.
Certains tabacs vendent bien des timbres, en temps normal: mais, là non plus, rien à faire : il sont en rupture de stock, et gardent sans doute leurs derniers "francoboli"pour les meilleurs clients, ceux qu'on connaît : les grands fumeurs.
Circulez, y a rien à voir.

dimanche 2 novembre 2008

Depuis que la pauvre Octavie est morte, la rue


qui passe le long de "son" portique est bien calme; et à la première pluie, l'herbe pousse entre les pavés !

Ici, les pavés s'appellent 'sanpietrini', car c'est à partir de la place San Pietro, devant la basilique, qu'on a commencé à repaver la Ville.
Ces pavés sont charmants, ils donnent un air campagnard à Rome (qui est à maints égards une métropole de province rurale), mais ils font bien souffrir les cyclistes. 

samedi 1 novembre 2008

Les fêtes de fin d'année approchent, et sur la margelle de ma fenêtre


le petit oranger a mis ses " guirlandes" les fruits mûrissent... L'oranger est en plein air de Rome, ça lui profite semble-t-il...

cliquez donc sur la photo, elle s'agrandira et vous verrez la promesse de récolte 

mercredi 29 octobre 2008

un exemple de la gentillesse

Olivier et Marie Dominique ont réservé depuis Paris, sur internet, des billets d'entrée pour la merveilleuse Villa Borghese. Mais voila: une fois devant le guichet, rien ne va: leurs billets ne sont pas des billets, et il n'y a plus de place pour faire partie d'un groupe de visite.
Mes amis, assez connaisseurs du pays et des indigènes, ne perdent pas patience, et essaient d'expliquer à la caissière leurs misères. Elle les laisse accéder à l'ordinateur du musée, ils établissent la preuve de leur réservation, et leur bonne foi.
Il apparaît que le site où la réservation fut faite n 'est pas le site officiel de la Villa.
De palabre en explication, la caissière les prie de patienter, et s'en va "dans les coulisses".
Puis , au bout d'un temps bien sûr fort long pour les touristes français, elle réapparaît avec... 6 billets gratuits (il y a 4 enfants)... utilisables immédiatement.
N'est-ce  pas délicieux?

dimanche 26 octobre 2008

Heure d'hiver ? heure d'été?

Nous vivons un moment délicieux: hier il était onze heures et quart, mais aujourd'hui on a une heure de plus, il n'est que 10h 1/4... on peut dormir plus longtemps (en fait, ce n'est pas vrai, mon "coucou biologique" a sonné au même moment qu'hier, soit 6 h (heure d'été), on peut flotter un peu dans le temps... 
Eh bien d'un certain point de vue, l 'Italie est durant l'année entière dans la même situation: elle fonctionne selon 4 horloges psychologiques différentes.
1) 1ère horloge: le souvenir lancinant de la Grandeur Antique, dont on affecte de rire du bout des dents, mais qui fournissait bien des arguments au Duce, et qui - à moi pauvre rustre transalpin-  paraît encore bien vivant. La Renaissance, par exemple, n'a-t-elle pas été  bien proche de remettre en vigueur certains canons antiques ? Il a fallu un certain Luther et un certain Calvin pour crier au désastre... et c'est alors que le terme "catholicité" est apparu/ pas avant.
2) 2ème système:  justemnt, la Catholicité; le collège des cardinaux n'est plus majoritairement italien, le Pape n'est plus de Venise ou de Milan... mais je sens confusément que l'Eglise (qu'ils ont puissamment contribué à bâtir) reste LA chose des Italiens.
3) 3ème référence: les Grandes Nations voisines, dont on a copié le drapeau, ou les institutions, ou le langage.
4) et quelle est l'heure légale? C'est celle de la République héritée de l'Unification par les rois de Savoie, si bien décrite dans "le Guépard".

Sans cesse le comportement oscille entre ces 4 pôles (la mondialisation nord-américanisante ajoutant un magnétisme supplémentaire), et peut engendrer des malentendus; des malaises; de l'humour dérisoire... 

vendredi 24 octobre 2008

Comment peut-on être Italien?

Il y a 300 ans, Montesquieu demandait "Comment peut-on être Persan?"; aujourd'hui, je pose la même question pour nos amis cisalpins... et du Mezzogiorno.
3 traits de caractère me paraissent dominer:
1) Le modèle social de référence est toujours bien vêtu, bien coiffé, et mince et bronzé. Que l'on soit de la haute bourgeoisie ou pas, il faut être vêtu de manière élégante (genre 'classique', style XVIIè arrondissement) et PARAÎTRE
2) Chaque Italien est GENTIL avec son interlocuteur, au point de tout faire pour que surtout il ne perde pas la face; il répondra donc à toutes les questions que lui pose cet interlocuteur, dût-il inventer les réponses.
3) Tout le monde se fiche de l 'Etat, de la République, de la Chose Commune. On n'en parle même plus. Et donc l'individu fait ce qui lui plaît, même si c'est incivique ou a-social. Si ça ne gêne pas vraiment les passagers (ou si l'on n'a pas conscience que cela gêne les autres passagers) on se mettra en plein milieu de la porte du bus. 
Seule compte la famille, ou le proche voisinage: comme disait un ami, les portes s'ouvrent si l'on explique "sono il cuggino di Paolo" (je suis le cousin de Paul). Sans ce système de cautionnement, vous n'en resterez qu'à la surface du vernis n°1: la gentillesse.  

Il reste bien sûr l'Eglise, qui fait l'objet d'une rubrique spéciale dans tous les journaux sérieux (comme il y a une rubrique Economie, ou Sport) mais je n'ai pas encore les idées claires sur sa place réelle en Italie; en évolution, c'est sûr, mais ... 

lundi 20 octobre 2008

fait divers bien méditerranéen

L'histoire peut se passer à Rome, aussi bien qu 'à Tunis , Alexandrie, ou Nice...

M & Mme Brun demandent à leur voisin et ami, M. Rugieri, de leur construire un petit barbecue (M. Rugieri est excellent maçon).
Le travail avance à merveille, quand un beau jour il leur explique que, par amitié, il leur bâtit aussi un four à pizza, sans supplément de prix. Et le four est superbe, en pierre de taille voutée...
Un jour, n'y tenant plus, M et Mme Brun demandent comment tout de même ce four a été procuré: triomphant, M Rugieri leur explique qu'il travaillait au même moment dans un grand restaurant de la ville, et qu'il a expliqué au patron que son four à pizza était fichu, qu 'il fallait en faire un neuf. Le patron l'ayant cru, il a démonté le tout et ... remonté chez ses amis Brun.
M Rugieri était très heureux de son habileté.

(Les noms ont été modifiés, le four à pizza existe je l'ai vu, je ne sais où...)

jeudi 16 octobre 2008

cronaca romana (11): wie Gott in Italien

Un proverbe allemand, en vogue au temps passé, disait: " comme Dieu en France", pour évoquer une situation magnifique, "wie Gott in Frankreich"; ce temps est révolu, et la France est bien sécularisée. Dieu est toujours prié en France (cf la visite de Benoît XVI), mais le pays  n'est plus globalement chrétien. Sa situation est-elle toujours magnifique ?
En Italie c'est différent: une collègue, italienne et athée, me parlait d'une des ces indécentes émissions de télévision, "reality show", où chacun s'efforce de se rendre plus intéressant que le voisin, et parle de son petit MOI sans pudeur, en descendant de préférence au dessous de la ceinture (quitte à prendre un air faussement gêné). Le déballage suivait son cours croustillant, quand à un moment de l'émission, un participant a appelé Dieu d'une manière bien anodine: "mio Dio !"; sans doute était-il surpris de quelque détail cru ou salé.
L'animateur lui a immédiatement demandé de quitter le plateau; en Italie, on n'invoque pas Dieu en vain. (Mais ça n'empêche pas les Catholiques d'aimer la vie et de commettre des péchés).
Les Allemands devraient donc dire : "wie Gott in Italien".  

dimanche 12 octobre 2008

Irène Némirowski décrit magistralement = et avec sensibilité=

les égoïsmes et les lâchetés qui ont déferlé en France lors de la débacle de juin 1940. (lire "Suite française")
Ce qu'on nous dit du monde financier actuellement relève du même ordre, et sans doute nous cache-t-on le pire... Et les hommes politiques, qui gèrent notre Bien Commun, peuvent-appeler à la raison: c'est trop tard, la peur est là, avec sa hideur et sa dureté. Chacun pour soi (et Dieu est mort).
Le mot le meilleur est à mon sens celui du Premier ministre luxembourgeois, J Claude Juncker: il a pour les financiers la même estime qu'ils ont pour lui : proche de zéro. Le seul ennui, dans tout ça, c'est que NOS impôts serviront à calmer la peur, d'une part; et d'autre part, que ceux qui pâtiront le plus ne sont pas les dirigeants de DEXIA ou Fortis, ce sont les pauvres, les malades seuls, les vieilles gens...  les jeunes sans diplôme...
Mais qu'on se rassure: le pdg de Dexia (selon le Corriere della Sera) vient de donner un somptueux diner au restaurant 'Louis XV' à Monte Carle. Tout va bien pour lui, merci.