dimanche 12 août 2007

Considération de politique agricole (copie d’un courrier à ungrand journal français)

Monsieur le Rédacteur en Chef

Objet : Politiques agricoles


Monsieur le Rédacteur en Chef,

Le groupe égyptien AL-AHRAM édite chaque semaine une revue en langue française, dont j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint photocopie des pages 10 et 11, pour l’édition des 18-24 IX 2002.
La page 10, comme vous pouvez le constater, évoque la situation extrêmement tendue de la filière égyptienne du coton. Je me permets d’appeler votre attention sur l’article intitulé « Grandeur et décadence », dont il ressort que :

1) l’âge d’or de la production égyptienne du coton, selon la journaliste Racha Hanafi, correspondrait à celui où l’Etat dirigeait la production ;


2) l’article évoque de lui-même la libéralisation des échanges et la redoutable régression qui en est résultée, ce qui correspondrait, selon le titre de l’article, à la « décadence ».


Dans cette mesure, je me permets de formuler auprès de vous deux remarques :

a) A aucun moment, les journalistes égyptiens ne mettent en cause la politique agricole commune (PAC) ; et cela se comprend, dans la mesure où la filière cotonnière dans l’Union Européenne n’a pas de poids. (Il n’y a du reste pas non plus de politique agricole commune pour la pomme de terre ; quant aux dispositions sur la volaille ou la viande porcine, elles sont à caractère très libéral, comme vous le savez). Dès lors, on ne peut que relativiser les critiques que certains organismes d’aide au développement formulent à l’endroit de la PAC, que vous relayer d’ailleurs activement : si la PAC n’est pas responsable des problèmes cotonniers, pourquoi le serait-elle d’autres problèmes ?


b) Je remarque également que les dispositions évoquées pour relancer cette filière sont de type tout à fait interventionniste et vont à l’encontre des idées de libre échange et de libre concurrence que certains voudraient faire prévaloir, au dépend de l’Union Européenne principalement.




Cela étant, je me permets enfin de souligner auprès de vous que cet article n’évoque pas deux sujets :

a) à aucun moment la filière cotonnière des Etats-Unis d’Amérique du Nord n’est citée ; il conviendrait pourtant de s’interroger sur le volume et les effets des soutiens que le gouvernement de Washington accorde à cette production.


b) la filière cotonnière égyptienne a connu un véritable décollage au XIXème siècle grâce à un Français, M.Louis JUMEL. Celui-ci est en effet à l’origine du coton longue fibre, qui a valu une longue prospérité à ce secteur. Dans cette mesure, la question se pose de savoir si l’Europe en général ou la France en particulier, ne pourraient contribuer à une relance en développant des actions de partenariat et de coopération, quelles que soient les mesures commerciales.



Souhaitant que ces quelques remarques aient contribué à un progrès de la réflexion du journal « XYZ» sur les politiques agricoles, ou sur les objectifs des critiques formulées publiquement contre notre maison Europe, je vous prie d’agréer, Monsieur le Rédacteur en Chef, l’assurance de ma considération distinguée


Jean GAULT


P.S. : Je joins également un article qui figure en page 11, qui s’intitule « L’Etat monopolise les ordinateurs ». Vous constatez que pour développer l’équipement des particuliers en ordinateurs familiaux, l’Etat égyptien se propose d’intervenir de manière extrêmement dirigiste, de prendre à sa charge leur équipement selon des procédures à caractère social.

N’y a t-il pas là, dans un secteur tout à fait nouveau, une série de dispositions qui ressemblent étrangement, d’une certaine manière, à celles qui ont été prises dans les années 60 pour développer la politique agricole européenne ? Dans cette mesure, la libéralisation des échanges peut-elle être encore recommandée comme panacée pour le développement des pays du tiers-monde ?

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