vendredi 24 octobre 2008

Comment peut-on être Italien?

Il y a 300 ans, Montesquieu demandait "Comment peut-on être Persan?"; aujourd'hui, je pose la même question pour nos amis cisalpins... et du Mezzogiorno.
3 traits de caractère me paraissent dominer:
1) Le modèle social de référence est toujours bien vêtu, bien coiffé, et mince et bronzé. Que l'on soit de la haute bourgeoisie ou pas, il faut être vêtu de manière élégante (genre 'classique', style XVIIè arrondissement) et PARAÎTRE
2) Chaque Italien est GENTIL avec son interlocuteur, au point de tout faire pour que surtout il ne perde pas la face; il répondra donc à toutes les questions que lui pose cet interlocuteur, dût-il inventer les réponses.
3) Tout le monde se fiche de l 'Etat, de la République, de la Chose Commune. On n'en parle même plus. Et donc l'individu fait ce qui lui plaît, même si c'est incivique ou a-social. Si ça ne gêne pas vraiment les passagers (ou si l'on n'a pas conscience que cela gêne les autres passagers) on se mettra en plein milieu de la porte du bus. 
Seule compte la famille, ou le proche voisinage: comme disait un ami, les portes s'ouvrent si l'on explique "sono il cuggino di Paolo" (je suis le cousin de Paul). Sans ce système de cautionnement, vous n'en resterez qu'à la surface du vernis n°1: la gentillesse.  

Il reste bien sûr l'Eglise, qui fait l'objet d'une rubrique spéciale dans tous les journaux sérieux (comme il y a une rubrique Economie, ou Sport) mais je n'ai pas encore les idées claires sur sa place réelle en Italie; en évolution, c'est sûr, mais ... 

lundi 20 octobre 2008

fait divers bien méditerranéen

L'histoire peut se passer à Rome, aussi bien qu 'à Tunis , Alexandrie, ou Nice...

M & Mme Brun demandent à leur voisin et ami, M. Rugieri, de leur construire un petit barbecue (M. Rugieri est excellent maçon).
Le travail avance à merveille, quand un beau jour il leur explique que, par amitié, il leur bâtit aussi un four à pizza, sans supplément de prix. Et le four est superbe, en pierre de taille voutée...
Un jour, n'y tenant plus, M et Mme Brun demandent comment tout de même ce four a été procuré: triomphant, M Rugieri leur explique qu'il travaillait au même moment dans un grand restaurant de la ville, et qu'il a expliqué au patron que son four à pizza était fichu, qu 'il fallait en faire un neuf. Le patron l'ayant cru, il a démonté le tout et ... remonté chez ses amis Brun.
M Rugieri était très heureux de son habileté.

(Les noms ont été modifiés, le four à pizza existe je l'ai vu, je ne sais où...)

jeudi 16 octobre 2008

cronaca romana (11): wie Gott in Italien

Un proverbe allemand, en vogue au temps passé, disait: " comme Dieu en France", pour évoquer une situation magnifique, "wie Gott in Frankreich"; ce temps est révolu, et la France est bien sécularisée. Dieu est toujours prié en France (cf la visite de Benoît XVI), mais le pays  n'est plus globalement chrétien. Sa situation est-elle toujours magnifique ?
En Italie c'est différent: une collègue, italienne et athée, me parlait d'une des ces indécentes émissions de télévision, "reality show", où chacun s'efforce de se rendre plus intéressant que le voisin, et parle de son petit MOI sans pudeur, en descendant de préférence au dessous de la ceinture (quitte à prendre un air faussement gêné). Le déballage suivait son cours croustillant, quand à un moment de l'émission, un participant a appelé Dieu d'une manière bien anodine: "mio Dio !"; sans doute était-il surpris de quelque détail cru ou salé.
L'animateur lui a immédiatement demandé de quitter le plateau; en Italie, on n'invoque pas Dieu en vain. (Mais ça n'empêche pas les Catholiques d'aimer la vie et de commettre des péchés).
Les Allemands devraient donc dire : "wie Gott in Italien".  

dimanche 12 octobre 2008

Irène Némirowski décrit magistralement = et avec sensibilité=

les égoïsmes et les lâchetés qui ont déferlé en France lors de la débacle de juin 1940. (lire "Suite française")
Ce qu'on nous dit du monde financier actuellement relève du même ordre, et sans doute nous cache-t-on le pire... Et les hommes politiques, qui gèrent notre Bien Commun, peuvent-appeler à la raison: c'est trop tard, la peur est là, avec sa hideur et sa dureté. Chacun pour soi (et Dieu est mort).
Le mot le meilleur est à mon sens celui du Premier ministre luxembourgeois, J Claude Juncker: il a pour les financiers la même estime qu'ils ont pour lui : proche de zéro. Le seul ennui, dans tout ça, c'est que NOS impôts serviront à calmer la peur, d'une part; et d'autre part, que ceux qui pâtiront le plus ne sont pas les dirigeants de DEXIA ou Fortis, ce sont les pauvres, les malades seuls, les vieilles gens...  les jeunes sans diplôme...
Mais qu'on se rassure: le pdg de Dexia (selon le Corriere della Sera) vient de donner un somptueux diner au restaurant 'Louis XV' à Monte Carle. Tout va bien pour lui, merci.
  

mardi 7 octobre 2008

En beau matin d'été , les cyclistes de la FAO


se sont donné rendez-vous pour une photo de groupe; j'en ai profité pour commander le superbe T-shirt jaune safran...
(à droite sur cette photo)

dimanche 5 octobre 2008

faux amis (suite)

La vie est pleine de surprises... 
Vendredi j'explique à une collègue italienne, que je me rends ce week-end à un mariage: elle m'a demandé de lui rapporter des confetti ! J'ai cru tout d'abord qu'elle évoquait ces miettes de papier que nous jetons sur le jeune couple... pas du tout: en italien, ce sont les dragées ou les bonbons. 

Autre faux amis si connu qu'on n'y prête plus attention : si vous invitez un italienne à manger de votre gateau, elle pourrait comprendre il vostro gatto, c'est à dire ... votre chat.  Donc autant préciser tiramisù, ou "dolce"... elle sera moins dégoûtée. Je n'ai pour ma part jamais mangé de chat, mais je sais que pendant la guerre, ça s'est fait en Provence. Cela aurait le goût du lapin...

Faux amis plus délicat encore: pour désigner la dégradation de l'environnement, dîtes : "inquinamento", le salissement. Ne dîtes pas pollution, qui a gardé ici son sens primitif (il y a "pollen" dedans), que les Français ont oublié: émission involontaire de semence, par l'homme, la nuit. Les Italiens sourient plutôt, en entendant ce lapsus; et moi, je me demande pourquoi l'usage est allé chercher un mot qui se rapporte tout de même à la transmission de la Vie, pour désigner la dégradation de la Nature. Pour le coup, ce n'est pas une décision des curés !!  


jeudi 2 octobre 2008

A la FAO (suite)...

Récemment, j'avais organisé une réunion à haut niveau, pour commencer à préparer le programme de travail des années 2010 & suivantes; ce fut un succès, beaucoup d'experts sont venus, et = surtout= les échanges ont été nourris. Mais au début de la réunion, j'avais le trac, "comme un gamin" pensais-je...
Cela me rappelle une anecdote consolante à propose de Sarah Bernard, la géniale actrice.

Elle recevait dans sa loge une débutante un peu écervelée, et lui demande : "Avez-vous le trac, avant d'entrer en scène ?
- Non, pas du tout.
- Rassurez-vous, cela viendra avec le talent", lui assène Sarah Bernard

Mon trac était-il à la hauteur de mon talent ?

lundi 29 septembre 2008

La société romaine habillait les femmes...


 la preuve en est dans les musées... les seules représentations féminines nues sont des Vénus.
Remarque n° 1: Ce respect de la Femme va si loin, qu'on ne voit jamais de petite fille en statue...
Remarque n°2: pour les représentations masculines, c'est tout le contraire, quel que soit l'âge: la société romaine déshabille les hommes. Exception: les personnages en fonction, prêtres notamment.
Mais même si les statues sont dans les musées, je ne mettrai pas de photo ici...

jeudi 25 septembre 2008

Cronaca romana (11): au fil des jours

Nos cousins italiens ne manquent pas d'humour, c'est une qualité qui permet en général à chacun de "tenir"... Hier j'avise une collègue qui bavarde avec les gardes de la FAO. De bonne humeur, je lui dis assez fort pour que les autres entendent: "Ah ceux-là, ils passent leur temps à tchatcher" (ce terme, usité dans le Midi de la France, est parent de "chiachierare" (prononcer kiakiéraré, et signifier bavarder abondamment) . Gentiment, le garde répond du tac au tac: "Ah, tout dépend avec qui..."(sous entendu: il y a des gens peu fréquentables!). J'ai éclaté de rire...

Retour sur les légumes: les tomates du libre-service de la FAO ne me plaisent pas du tout, elles sont fades, dures, et palichonnes. L'explication est simple: arrivant tôt un matin, j'ai vu à leur cageot qu'elles sont... du Nord de l'Europe. Décidément, l'agriculture italienne est mal en point.

L'appauvrissement progresse (à moins que ce ne soit l'immigration): à certains carrefours, on ne trouve plus les marchands ambulants de journaux, ni les laveurs de carreaux, ni les mendiants. Non, il y a des jongleurs, qui font leur numéro le temps du feu rouge.

dimanche 21 septembre 2008

Alitalia

La déconfiture de la compagnie nationale italienne me semble bien décrite dans la presse, et sur ce blog je ne crois rien devoir ajouter; je témoignerai seulement de ma dernière expérience personnelle:
en plein pont du 15 Août, je suis allé au Népal en mission: il me fallait d'abord rejoindre Milan pour une correspondance avec un vol intercontinental. Sur mon dossier électronique (billet acheté par les Nations Unies), figuraient les contraintes de la correspondance à Milan, comptée large : 1h40.
Eh bien :
* arrivé une heure avant le décollage de Rome (vol intérieur), je me suis entendu dire que j'étais en sur-réservation (un samedi 16 août, il y a peu de passagers...)
* l'oiselle qui tenait le comptoir m'a raconté des balivernes, je me suis débrouillé tout seul, en anglo-italien, et ai obtenu un enregistrement véritable
* le vol est parti avec 1 h 20  de retard
* alors que depuis l'avion, je demandais un peu d'aide aux hôtesses, le personnel au sol d'Alitalia à Milan a refusé d'informer Qatarairlines du retard et de l'arrivée très limite de M Gault 

Heureusement je n'avais qu'un petit bagage à main, j'ai pu courir entre les terminaux de Malpensa, et Qatarairlines avait connaissance de la situation et pris ses dispositions.

Nous avons tous d'odieuses histoires de compagnies aériennes...  Celle-ci m'a disposé à éviter Alitalia chaque fois que possible: je crois que ce sera facile... 
NB ces informations ont été signalées par mes soins au DG d'Alitalia, je n'ai pas de scrupule à les mettre sur ce blog... 

dimanche 14 septembre 2008

Ayant déjeuné avec d'adorables amis italiens, je vous partage les quelques "faux amis" suivants:

* Mariangela a "consigné" son chien à l'entrée du supermarché: elle ne l'a pas rendu avec des bouteilles vides, elle l'a confié à garder. (Consegnato)
* Alessandra a "firmé" la proposition: (firmato): elle l'a signée.
* Enfin, Filippo était devenu "arrabbiato": il n'est pas néo-musulman, il est enragé. (Les camarguais appellent "arabis" de tout petits moustiques, qui vous font... devenir fou. De peur de méprise, certains prononcent 'alambics')


samedi 13 septembre 2008

Vie professionnelle à la FAO

         Cher ami lecteur, vous pouvez vous demander ce que je fais "entre les repas"; eh bien  je travaille aux Nations Unies, comme inscrit à gauche sur cette page, à la FAO (Food and Agriculture Organisation = Org. pour l'agriculture et l'alimentation).
La FAO ne distribue pas d'argent, elle collecte, traite des informations, réfléchit à de bonnes politiques pour l'agriculture, le monde rural, les hommes et les femmes des "campagnes", l'environnement, et parle avec la liberté que lui donne son statut. A dire vrai, elle parle beaucoup en anglais, mais aussi en français ou en espagnol ( l'arabe, le chinois et depuis peu le russe sont également langues officielles).
La FAO conseille les gouvernements qui le souhaitent, et peut les assister à mettre en place des politiques précises. Actuellement, elle est très active sur les questions d'approvisionnement alimentaire de la planète, pays pauvres avant tout.

Dans ma vie quotidienne, je rencontre des gens souvent très motivés et très compétents. Et j'avoue admirer la grosse quantité de travail fourni (et sa qualité!), cela soutient largement la comparaison avec les ministères français.

En ce qui me concerne, je coordonne donc un programme de réflexion et de proposition pour des politiques du développement bien compris des montagnes, qu'elles soient en Europe ou en Asie ou ailleurs. C'est très intéressant, et j'espère avoir le temps de le développer dans toutes ses conséquences...  

samedi 6 septembre 2008

Encore des faux amis !

Parlez-vous du syndic (de l'immeuble)? Votre interlocuteur italien comprendra le maire (de la ville) = sindaco , prononcer siiindaco.
Julien le faisait remarquer : salire ne veut pas dire faire de la saleté, mais simplement 'monter'...
Et una ciambella (prononcer tchambeeela) n'est pas la femme d'un chambellan, mais (entre autres) une bouée, ou un beignet en anneau...

Ayant été directeur adjoint de l'office des viandes, je garde un certain intérêt pour ce sujet, et ai bien sympathisé avec le boucher d'à côté. Mais là, je vous épargnerai les complications. Un seul exemple: en langue d'Eglise, agneau se dit bien 'agnello' (voici l'Agneau de Dieu = Agnello di Dio), mais au magasin, c'est un abachio (prononcer abakio), mais ce n'est pas l'abaque qui vous aide à calculer...  Bref, pas le temps de s'ennuyer !

   Il y aurait aussi la rubrique des mots grossiers, et des allusions fines en dessous de la ceinture, mais cela dépasserait le cadre de ce blog ... et surtout ... mes compétences ! Sachez simplement que la créativité italienne n'a rien à envier à notre argot et à nos gauloiseries.