dimanche 12 août 2007

début d’un journal personnel (suite sur “callian et amis, si vous avez le mot de passe)

Je m’éveille, et je suis toujours avec toi

C’est pour vous que j’écris : Elisabeth, qui ne me ménage guère, insiste depuis des années. Quelques autres aussi… Il paraît que cela peut vous intéresser, que mon point de vue est original… Quand j’étais adolescent, j’avais bien commencé un journal personnel, mais je l’ai détruit parce que précisément il était intime, et que mes sentiments ne regardaient que moi. De plus, le peu qu’alors j’ai écrit était plutôt geignard (autant qu’il m’en souvienne) : à coup sûr, ça n’aurait plû à personne, pas même à moi 3 mois plus tard !

J’ai attendu, car j’aurais sans doute versé sur ces pages de l’acide, et étalé mes misères et mes déceptions : comme disait une de mes tantes, qui est depuis décédée, « ça n’intéresse personne ».

Mais avec le temps, la vie s’éclaire, et je vais peut-être faire œuvre plaisante. Utile ?

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Commençons par Paris ; la ville a beau être au cœur de l’Ile de France, c’est pour moi une île forteresse. Je n’ai pas connu Tyr, au temps de sa splendeur, lorsque son roi s’ennorgueillissait de sa richesse, et de sa force ; c’était une citadelle bâtie sur un gros rocher, devant la côte du Levant. On n’y accédait que par bâteau (comme Venise, également) : elle était imprenable par tous ces sauvages que l’Asie des steppes et la Mésopotamie déversaient de temps à autre. Le bois des cèdres du Liban, la gomme et les parfums d’Arabie, le blé d’Egypte, l’étain des Bretons, l’ambre de l’Ethiopie, l’or des Scythes … tout cela affluait à son port, et les Tyriens en faisaient leur profit.[1]

Tyr fut assez forte pour fonder Cathage !

C’est Alexandre de Macédoine qui l’a prise , comme Napoléon Venise. Eh bien, Paris me semble au point de vue culturel assez comparable : les vagues du monde peuvent rouler à ses portes, la Wehrmacht peut arriver casquée, les cow-boys peuvent subventionner Boeing, elle poursuit son cours et sa pensée, sa vie de travail et son hédonisme, ses mesquineries et son idéal de Liberté. Elle accueille chacun avec distinction et générosité (enfin… Paris est chère), elle réfléchit au futur et aux Droits de l’Homme, elle donne des leçons et n’en reçoit pas, et elle considère son Histoire comme une avenue triomphale. Même si elle s’en défend, elle adore la pompe romaine, les fastes royaux, et les symboles de pouvoir. Le temps coule autour de ses portes, elle n’en a cure, et traverse tout au rythme qui lui convient.

Sans doute se trompe-t-elle un peu … la planète ne s’intéresse pas toujours à ce que veut — ou ne veut pas — Paris … les Nations n’aiment pas la France autant que la France se le figure (nous passons aussi pour radins, superficiels, arrogants et ne tenons pas nos promesses) … mais Paris, au nom de la France tout entière, considère tout cela avec indifférence.


[1] (Ezéchiel, XXVIII 12) : « Tu étais un modèle de perfection, plein de sagesse, merveilleux de beauté, tu étais en Eden, au jardin de Dieu. Mille pierres précieuses formaient ton manteau : sardoine, topaze, diamant, chrysolithe, onyx, jaspe, saphir, escarboucle, émeraude (…) Avec un chérubin protecteur je t’avais placé (…) sur la montagne sainte de Dieu, tu marchais au milieu des charbons ardents. »

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