1) L’enfer existe-t-il vraiment ?
Cette question peut se comprendre de façons très nombreuses, les plus simples étant les plus castratrices.
Pour ma part, je me réfèrerai à un fait divers, dont « Nice Matin » a rendu compte il y a 2 ou 3 ans , suivi (ô splendeur) de la presse parisienne : un riche vieux Monsieur passait la fin de sa vie à Monte Carle, soigné par une infirmière et aidé d’un chauffeur - homme à tout-faire. L’atmosphère n’était semble-t-il pas à la franche confiance puisqu’un jour où le feu s’était déclaré dans l’appartement où vivait ce microcosme, il a refusé de sortir de la salle de bains où il s’était réfugié. Il a préféré finir asphyxié (puis, sans doute, un peu rôti), plutôt que d’ouvrir à ses assistants qui – dit le journaliste – le suppliaient. Pauvre homme… quel chemin douloureux il a dû parcourir, à son insu, pour se méfier à ce point de son entourage ! Un procès s’en est suivi, que j’ai perdu de vue, car il y avait des histoires de succession en faveur des 2 cocos. Le feu n’aurait pas été tout à fait accidentel.
Eh bien voilà l’enfer : le vieux Monsieur s’était emmuré mentalement dans un système de relations déséquilibré, où la méfiance, =oui : la peur = , l’ignorance, ont eu raison de sa propre vie.
Autre comparaison : vous roulez en voiture, parmi d’autres voitures. Il fait chaud, vous avez soif, car l’eau vient à manquer dans vos bouteilles. Saurez-vous reconnaître les points d’eau, dans l’étrange pays que vous traversez ? Supposons que oui, que vous avez compris que l’eau est à demander au vieux fou qui mendie sous le tamaris. Les autres conducteurs auront-ils confiance en vos gestes, en l’eau que vous puisez à l’endroit improbable que vous a désigné le gueux ? prendront-ils la même eau ? ne préfèreront-ils pas = principe de précaution = attendre une borne conforme à leurs idées préconçues ?
Bref, nous sommes libres ; l’enfer, ce ne sont pas « les autres », comme écrivit J P Sartre, c’est plutôt une certaine façon de penser et de choisir, qui nous fait « passer à côté ».
2) Question 2 :
De quoi souffre-t-on en enfer ?
En fait, à mon avis, la plupart de gens qui « passent à côté » ne souffrent de rien : ils ne savent même pas qu’ils ont perdu. Ils ne savent pas qu'ils souffrent.C’est tout juste un peu ennuyeux, méfiant, voire glacial. Et pas beau. Les automobilistes ci-dessus continuent d’avoir soif, voilà tout.
Depuis l’enfer, on voit le paradis : mais on ne comprend rien à ce qu’on voit… On ne sait pas qu’on voit le Paradis. Bien plus, ce qu’on voit paraît louche, peut-être même absurde tant c’est naïf et gentillet.
Evidemment, le temps doit être long.Mais le temps n’est-il pas une vue de l’esprit humain ?
Bref, l’enfer , c’est la fadeur à la puissance 13, mélangée d’introversion, et de regards soupçonneux.
(Il y a sans doute d’autres définitions)
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