Sur mon petit scooter juvénile, je longe la Seine par la voie exprès rive droite ; évidemment, j’ai un peu peur, car les voitures vont vite, et les conducteurs passent parfois bien près. La circulation s’engouffre dans le tunnel qui longe le Louvre, le bruit enfle, l’espace est resserré … et puis c’est un instant de bonheur : au sortir du trou noir, à droite, la Conciergerie apparaît, avec ses tours César et Bonbecq. La Seine miroite de cette douce lumière d’Ile de France (douce … pour le Méditerranéen habitué aux torrents de soleil).
Quand soudain, un motard nerveux se place à côté de moi, et avance à la même vitesse. « Que me veut-il ? » Il gesticule, fait ronfler sa fière machine : je reste calme et continue mon chemin, à plus de 70km/h. Il ne désarme pas, et exhibe enfin une carte : « police », et m’enjoint de sortir à la prochaîne. Plus moyen de jouer les pères tranquilles, j’ai dû commettre une infraction tellement grave, que je l’ignore. Nous sortons, nous rangeons, et il commence à me parler amicalement « Ne roulez pas en scooter sur la voie exprès, c’est trop dangereux pour vous ; les gens conduisent comme des fous, et des motards meurent là chaque jour… ». Il me traite avec tant de respect, il en dit tant, et avec tant de compassion, de tact et de peur compatissante presque , sans jamais brandir la moindre menace de verbaliser, qu’il me convainc.
Je n’ai plus jamais emprunté cette voie rapide, ni d’autre du même genre, et , avec le recul, je le remercie : je vis toujours. Et je roule sur l’immortel boulevard Saint Germain.
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